Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/262

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en alertes continuelles avec leurs incendies etc, etc., au lieu de laisser augmenter, il faut diminuer autant que possible le chiffre de la population indigène. Si on les prenait au mot, si on réalisait l’idéal de ceux qui rêvent Mayotte uniquement peuplée des concessionnaires et de leurs engagés, la colonie agricole serait bien près de sa ruine. C’est, au contraire, un grand bienfait, et de plus une nécessité, que l’augmentation de la population indigène ; mais il faut savoir l’organiser et en tirer tous les avantages qu’elle peut procurer. Pourquoi les Mahoris refusent-ils de travailler sur les établissements sucriers ? Parce que, trop souvent, les travailleurs y ont été surmenés et mal payés. Ne leur demandez qu’un travail raisonnable, payez-les régulièrement, et ils s’engageront sur vos habitations. Aujourd’hui vous les méprisez, vous les trouvez inutiles parce que vous pouvez vous procurer, en abondance, des Africains à Mohéli ; mais qu’il survienne un événement inattendu, que le sultan de Zanzibar, par exemple, poussé par l’Angleterre, s’empare de Mohéli, comme il a failli le faire en 1867, et y interdise le recrutement des travailleurs ; qu’une dépêche ministérielle vienne enfin, comme cela a déjà eu lieu pour le recrutement à la côte d’Afrique, interdire le recrutement dans les Comores, où trouverez-vous les 3.000 travailleurs noirs qu’exigent aujourd’hui vos habitations ? A Mayotte seulement. Il ne faut pas prendre pour normale la tolérance temporaire du gouvernement, mais profiter des facilités actuelles pour créer à Mayotte une population indigène capable de recruter un jour les établissements sucriers.