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prend la petite dans ses bras, et elle pleure en disant toutes sortes de choses… Vrai ! on ne peut pas dire comme c’est, parce qu’il faut le voir pour le savoir. Elle n’a puis jamais que moi pour la plaindre, la pauvre femme ! Moi, que voulez — vous que je dise ?… j’ai vu tout comme ça s’est passé, je ne puis pas la consoler ; vous comprenez, Madame, j’ai autant de chagrin qu’elle ! Peut-être bien, reprit-elle après une pause, que si c’étaient d’autres personnes, elle les écouterait mieux.

En parlant ainsi, la vieille s’essuyait du revers de la main de grosses larmes qui roulaient sur ses joues maigres et flétries. Nous étions émues en voyant pleurer cette honnête et fidèle créature.

Grand’mère, l’interrompant, lui demanda si elle pensait qu’une visite de sa part pourrait faire du bien à la malade.

— Si cela lui ferait du bien ! Oh ! Madame, je n’osais pas vous prier de venir aussi ; mais si c’était de votre bonté, je vous assure que le bon Dieu vous en récompenserait !

C’est ainsi qu’il fut décidé que Marguerite (je savais enfin le nom de la domestique) disposerait adroitement Madame Gaud à recevoir grand mère dans l’après-midi, et que j’irais en même temps m’amuser avec la petite muette.

Je crois que j’aurais voulu lui porter, du premier coup, tous mes jouets, tant j’avais à cœur de la divertir ; ce ne fut qu’à grand’peine que je consentis à ne porter qu’une poupée, un ménage en por-