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Bains. Monsieur Philippe pensait que ce serait une chose à faire que d’aller s’établir auprès delui pour le remplacer quand le moment serait venu.

Ce plan aurait été bon si l’oncle ne s’était pas défendu de toutes ses forces contre le mariage des deux cousins. Il disait à son neveu :

Vois-tu, mon garçon, ce n’est ni pour te mortifier, ni pour te faire du chagrin que je refuse de te donner ma Geneviève, mais j’en sais plus que toi sur ce qui convient ou ne convient pas. Je n’ai jamais vu que ces mariages-là fissent merveille ; au contraire, les enfants ont toujours quelques infirmités aussi, crois-moi, change de sentiment et prends une femme ailleurs ; nous n’en serons pas moins bons amis.

Le pauvre père parlait bien, mais le moyen de faire entendre raison aux amoureux, surtout quand ils sont l’un et l’autre du même avis !… Monsieur Philippe essaya de s’en aller du pays, de se distraire et d’aimer d’autres demoiselles ; mais au bout de deux ans, il retourna chez son oncle et son cœur était toujours le même. Les parents, voyant alors qu’il fallait les laisser libres d’agir suivant leur amitié, remirent les choses entre les mains du bon Dieu, et on les maria.

La première année ça marchait dans leur petit ménage comme sur des roulettes. J’étais allée demeurer chez eux pour leur servir de cuisinière et de bonne tout ensemble. Ah ! je n’avais pas une grosse besogne, allez ! Les pauvres jeunes gens