Page:Gex - Vieilles gens et vieilles choses (1885).pdf/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 164 —

dehors ; des chambres pas plus grandes que des corridors de chez nous, mais si bien lustrées, vernies et meublées qu’on les aurait prises pour des chapelles. Devant la porte d’entrée, il y avait un jardin de la longueur d’un châle-tapis, tout en dessins et en petites allées, bonnes à faire promener des chiens de dames ; de l’autre côté de la maison, c’était un grand mur en pente et puis la mer… Cela faisait peur toute cette eau qui montait et descendait le long des pierres de la muraille, et, les premiers temps, le bruit qu’on entendait le jour et la nuit me donnait envie de pleurer. Mes maîtres, surtout les jeunes, disaient que c’était bien beau, et restaient des heures et des heures à regarder passer les barquettes allant d’un côté ou de l’autre ; cela les amusait tout comme des enfants.

Cette maison, un peu loin de la ville, n’était batie que pour se loger pendant l’été : elle avait deux étages ; seulement, autour des chambres du second, on avait fait une terrasse. La façade qui regardait la mer, beaucoup plus large que les trois autres côtés, était garantie par une grille en fer, tandis qu’ailleurs il n’y avait qu’une bordure en gros fer-blanc, toute découpée comme une dentelle et haute à peu près d’un pied ou deux.

Si je tire un peu les choses au long, mes braves dames, c’est que vous comprendrez mieux comment notre grand malheur est arrivé.

Pour vous en finir, il y avait deux mois que nous