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habitions dans cette campagne, tous bien contents et en santé, sauf qu’on commençait à avoir un peu souci de ce que la petite Nancy ne jariquait pas, suivant la coutume des nourrissons de cet âge, et qu’elle n’avait pas l’air de prendre attention au bruit qu’on faisait autour d’elle. Monsieur Gaud se tourmentait de ça quand il était seul avec moi ; mais devant les autres, il ne disait rien pour ne pas les chagriner mal à propos.

Madame Régine s’était gardé pour elle et pour son mari les chambres d’en haut ; de là, on voyait la mer, la ville et la campagne tout à la fois. Bien souvent elle travaillait sur la terrasse, pendant que la petite dormait à côté d’elle dans son berceau, et quand le jeune Monsieur revenait de la ville, où il allait presque tous les jours, elle était la première à l’apercevoir sur la route ; ils se faisaient des signes avec leurs mouchoirs en s’appelant de loin. Enfin, voilà comme notre vie se passait, tranquille et sans embarras.

Un après-dîner que les deux Messieurs étaient allés à Dieppe, il vint un commissionnaire apporter un billet à la jeune dame. C’était son mari qui l’avertissait que, peut-être, ni son beau-père, ni lui ne rentreraient avant le lendemain matin : des amis les avaient engagés à dîner et ils n’avaient pas pu refuser.

Ce n’était pas là une grosse affaire, mais jamais depuis leur mariage il n’en était autant arrivé ; c’est pour ça que la chère petite dame devint toute triste