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porte de l’étude. Bientôt après, Marie apparut sur le seuil ; elle venait dire à son maître qu’elle servirait le dîner s’il le désirait.

Le notaire fit un signe d’adhésion et passa dans la salle à manger.

Comment la nouvelle domestique avait-elle su préparer le dîner, elle qui était depuis si peu de temps dans la maison ? c’est ce que l’on peut se demander et ce qu’il serait très difficile d’expliquer, si tout ce qui tenait à la jeune fille ne touchait pas au surnaturel. Douée d’une rare intuition et d’une espèce de double vue, elle devinait ce qu’il était nécessaire de savoir et voyait à travers portes et murailles ce que toute autre créature humaine n’aurait pu apercevoir.

C’est ainsi que, sans vouloir distraire son maître d’occupations qu’elle devait croire importantes, elle avait pris connaissance de quelques provisions qui se trouvaient dans la maison, puis, ayant vu dans un des tiroirs du buffet de la cuisine deux tailles qu’elle pensa être celles du boucher et du boulanger, elle s’était acheminée dans le bourg avec un cabas au bras. Quelques indications qu’elle récolta sur son passage lui eurent bientôt fait trouver la demeure des fournisseurs.

Le service continua à se faire ainsi, sans l’intervention du notaire, qui, dégagé de toutes préoccupations matérielles, aurait pu s’adonner au travail, s’il n’avait continué à être obsédé par les péripéties de son voyage aux Blosières. Il avait eu beau s’in-