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XVI


Comment Marie Vignolet paie sa dette.


Nous sommes au 24 décembre. Il est près de onze heures du matin ; le temps est sombre, le ciel chargé de nuages, et bien que la terre soit couverte de neige, il menace d’en tomber encore. Un froid rigoureux se fait sentir, et maître Thibaut, outre le feu qui pétille dans la cheminée de son étude, a fait aussi allumer son grand poêle de faïence.

Le notaire est dans son fauteuil, les pieds nonchalamment étendus vers le feu ; sa domestique qui vient d’entrer se tient respectueusement à deux pas de lui.

― Monsieur Thibaut, dit-elle timidement, êtes-vous content de mon service ?

— Certainement, Marie.

— Alors, monsieur, le moment est venu de tenir votre parole et de me payer notre convenu.

— C’est sept écus et les intérêts d’un an, n’est-ce pas ?

— Oui, monsieur, mais si vous le voulez bien, vous ne me donnerez pas d’argent et me ferez seulement une quittance comme je vous l’indiquerai.

— Explique-toi un peu mieux ?

— Voilà. Est-ce que Catherine Bachasson, de Villard-Léger, ne vous doit pas sept écus payables à la Saint-François prochain ?