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— En effet. Eh bien ! c’est elle qui est ma créancière. Ayez donc la bonté, monsieur, de lui faire quittance de ce qu’elle vous doit, et dites que c’est pour le service que Marie Vignolet a fait chez vous.

— Vignolet ! répéta le notaire, qui entendait ce nom pour la première fois et cherchait à deviner pourquoi la jeune paysanne n’avait pas voulu le dire quand il le lui avait demandé. Puis, comme ce nom ne lui rappelait rien, il n’y attacha pas d’importance, et il se leva pour aller écrire le reçu demandé.

— Voilà, Marie, dit-il en lui tendant le papier et en essayant de grimacer un sourire qu’il voulait rendre gracieux, je tiens ma promesse… tu tiendras la tienne ?

— Ce que j’ai dit est dit, monsieur Thibaut.

— Merci, Marie, exclama l’heureux tabellion.

Puis, comme frappé d’une idée subite, il reprit vivement :

— Quoique tu m’aies demandé tes gages, j’espère bien que tu ne penses pas à me quitter ?

— Tout se décidera ce soir, repartit la jeune fille, qui s’esquiva lestement.

« Tout se décidera ce soir… » ce n’est donc pas sûr, se dit avec anxiété le malheureux notaire, qui se laissa retomber tout découragé sur son fauteuil.

Quelques minutes après, trois coups furent frappés sur la porte cochère. Marie alla ouvrir.

— C’est vous, Jeanne, dit la domestique en tendant la main à une bonne vieille femme munie d’un