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gros bâton ferré et suivie d’une chèvre qui se mit à gambader de çà de là en entrant dans la cour ; je vous attendais… merci d’être venue.

Elle remit à la pauvresse le papier que son maître lui avait donné un peu auparavant, lui dit quelques mots à voix basse, rouvrit la porte et lui souhaita bon voyage.

Psss ! Mion, fit la vieille.

— Bêêè ! répondit la chèvre en sautillant et suivant sa maîtresse.

Il y avait loin de la Rochette à Villard-Léger ; les chemins étaient couverts de neige gelée et, bien que la vieille connut tous les sentiers de traverse du pays, elle mit longtemps à arriver à destination.

La veille de Noël est déjà un peu fête au village. Chacun se prépare pour le lendemain, et cette activité de tous met de l’animation partout. La messe de minuit est surtout très impatiemment attendue par les jeunes gens, qui trouvent dans les préliminaires l’occasion de rire un brin, et espèrent souvent dans l’obscurité pour faire des aveux qu’ils ont gardés jusqu’alors. Aussi, la course nocturne que font les habitants de chaque hameau pour se rendre à l’église de paroisse, ressemble-t-elle plus souvent à un retour de vogue qu’à un pèlerinage de dévotion.

Ce jour-là, comme d’habitude, il avait été entendu que les gens de Tournalou viendraient se joindre au village des Clercs, et qu’à dix heures sonnantes on s’acheminerait tous ensemble vers l’église de Villard-Léger. La réunion avait lieu chez Pierre