pendant bien longtemps, tous les soirs il venait frapper trois coups au pied de mon lit.
— Mais l’avez-vous vu ?
— Oh non !
— Eh bien, c’est seulement un signe pour demander des prières. Mais les revenants, c’est quand les gens reviennent en chair et en os.
— J’en ai vu un, moi, reprit un jeune homme. C’était une nuit qu’il menaçait de pleuvoir ; nous avions laissé du blé dehors, et comme j’allais au grand champ pour le rentrer, il y avait devant moi un fantôme tout blanc qui ne touchait pas terre, et puis il a disparu tout à coup.
— Mais qu’est ce donc que l’on voit là bas ? dit le dégourdi, en désignant quelque chose de l’index.
Toute la troupe s’arrêta et se groupa. La conversation que l’on venait de tenir n’était pas faite pour donner du courage ; aussi, les jeunes filles se rapprochèrent des garçons, qui ne demandaient pas mieux que d’être leurs défenseurs et surtout d’avoir l’occasion de les serrer de près.
À une centaine de pas d’eux, une faible lumière allait, venait, sautillait de droite et de gauche pour rester parfois immobile.
— Un feufollet, dit la Bardasse.
— Il n’y a pas plus de feux-follets que de revenants, riposta Pierre ; la lumière s’approche, nous allons bien voir ce que c’est.
— Qui va là ? cria-t-il fortement.
— Ami, répondit une voix aigrelette.