ses souvenirs. En voyant la chèvre, il se couvrit les yeux d’une main.
Ne vous effrayez pas, monsieur, c’est moi, la Jeanne des Ave ; ne vous avais-je pas dit que je viendrais vous voir pour la Noël ?
Ce nom n’était pas fait pour rassurer le notaire, il avait entendu dire si souvent que cette femme était morte.
— Venez-vous de la part de Satan ? dit-il en se signant.
— De la part de Marie, qui m’a envoyée pour vous secourir et pour vous recommander de vous souvenir. Allons, monsieur, il faut vous mettre au lit ; vous tremblez, vous avez la fièvre.
La vieille aida maître Jean à se soulever et l’accompagna dans sa chambre.
— Et maintenant, lui dit-elle, après l’avoir arrangé maternellement dans son lit, à nous revoir dans un monde meilleur, monsieur Thibaut. Je vais prévenir le médecin et vous envoyer de la compagnie.
Aussitôt seul, le notaire chercha à se remémorer les événements de cette nuit terrible : « Il faut que mon exemple vous soit salutaire ! » a dit Marie. Et ensuite : « Souvenez-vous que le bien d’autrui n’entre pas en paradis ! » Le bien d’autrui… mais c’est toute ma fortune ! Et le notaire resta longtemps absorbé.
Il fut tiré de ses réflexions par deux ou trois petits coups frappés à sa porte.
— Entrez, dit-il.