Page:Gex - Vieilles gens et vieilles choses (1885).pdf/329

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 322 —

le postillon sur le banc de face, et quand Paul Guidon fut de retour :

— Écoute, lui dit Claude, je crois, qu’il ne faut pas aller sur Chambéry ; d’abord, on pourrait nous pincer avec nos ballots, et nous ne saurions pas non plus que faire de nos voyageurs. Retournons du côté de Montmélian, ça nous rapproche de la Maladière, et à Saint-Jeoire nous nous arrêterons à l’hôtel du père Thomas où nous sommes connus.

— Bien pensé, répondit Paul, qui entreposa les ballots sur le siège, et, ayant fait retourner les chevaux, nos deux amis reprirent à pied et au pas la route de Montmélian, tout en causant des événements qui venaient d’arriver.

À cette époque il n’était pas rare de rencontrer des chaises de poste. Ce moyen de transport avait surtout été adopté par les Anglais qui, poussés par leur caractère aventureux, allaient au loin dépenser leur or et promener leur nullité, espérant trouver dans une existence hasardeuse un remède à leur spleen.

Ces voyageurs de profession se faisaient construire des berlines qui contenaient dans leur intérieur tout le confort nécessaire à ces enfants gâtés de la fortune et, de poste en poste, de relais en relais, ils faisaient dans les différentes contrées civilisées de l’Europe des voyages qui duraient plusieurs années.

Aujourd’hui que les chemins de fer ont simplifié les moyens de transport, cette race de nomades est à peu près disparue.