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bord de la route, étaient tenus en respect par un des brigands muni d’un pistolet, pendant que l’autre fouillait la voiture.

C’était dans ce moment que les deux contrebandiers étaient arrivés au secours.

Le postillon, qui était d’Aiguebelle, avait raconté tout ceci d’une voix tremblante. Quant à milord Wilman, il était tellement effrayé qu’il ne pouvait rien dire. On le débarrassa à son tour de ses liens.

— Avez-vous du mal ? lui demanda Guidon.

— Je ne sais pas, répondit-il, sans bien savoir ce qu’il disait.

— Et vous, cocher ?

— Je ne crois pas, sauf que j’ai eu une peur que je ne sais plus où j’en suis.

— C’est bon, buvez tous deux une goutte de ceci.

Et Paul tendit à l’Anglais d’abord et au postillon ensuite, une gourde remplie d’excellente eau-de-vie qu’il portait toujours avec lui dans ses expéditions nocturnes.

— Pour le moment, ils ne valent pas plus l’un que l’autre, dit Guidon à son compagnon, et nous ne pouvons les abandonner ; mets-les tous deux dans le carrosse, pendant que je vais chercher les ballots et nous les conduirons quelque part.

Ainsi que nous l’avons déjà dit, Claude Porraz était un robuste paysan, fort comme un turc ; il prit à bras le-corps milord Wilman qui restait collé sur place, et le déposa doucement sur les coussins de la voiture en le câlant de son mieux, fit monter