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— On y va, répondit l’hôtelier, qui, apercevant la berline, flaira de suite une bonne aubaine.

Bientôt maître et valet furent sur pied. Ce dernier se hâta de dételer les chevaux et de les conduire dans l’écurie, où les pauvres bêtes trouvèrent bon foin et bonne litière.

De son côté, le patron engageait les voyageurs à passer dans la grande cuisine de l’auberge. Mais, avant de quitter la voiture, l’Anglais, qui avait repris ses sens et son sang-froid, demanda qu’on lui apportât de la lumière. Il fit alors une perquisition minutieuse du véhicule, et ce fut avec une satisfaction non dissimulée qu’il constata que les caissons n’avaient pu être forcés, que sa grande malle était encore ficelée derrière la berline, et que le vol dont il avait été victime ne consistait que dans la perte de sa canne et de son parapluie, objets très faciles à remplacer.

Soulagé de cette inquiétude, il entra plus calme dans la grande salle, où bientôt tous se réchauffaient près d’un bon feu, et se réconfortaient avec tout ce que l’hôtelier avait pu leur servir de mieux.

Peu après, le postillon disparut. Sous prétexte d’aller donner un coup d’œil à ses chevaux, il s’étendit sur une botte de paille et s’endormit profondément.

Milord Wilman, resté seul avec Claude, s’occupa enfin de son sauveur, et, dans un français un peu martyrisé, il le remercia et lui demanda comment lui et son compagnon se trouvaient sur la route à une heure aussi avancée de la nuit.