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Cette question embarrassa beaucoup le pauvre garçon. Il resta un moment sans rien dire, et la rougeur lui monta au front. Il comprit que ne pas répondre c’était faire naître de fâcheux soupçons ; cependant pouvait-il avouer qu’il faisait de la contrebande ? C’est alors qu’il comprit encore que le métier n’était pas honnête, puisqu’il n’osait en parler ouvertement.

Après un moment d’hésitation, voyant le regard interrogateur de l’Anglais fixé sur lui, il se dit qu’après tout il pouvait bien se confier à un homme qui, dans quelques jours, serait loin du pays, et ne pouvait ni lui vouloir du mal ni lui porter préjudice. Il lui raconta donc tout simplement comment il s’était fait contrebandier, afin de gagner quelque chose pour pouvoir se marier avec une jeune fille qu’il aimait.

L’Anglais prit beaucoup d’intérêt au récit du jeune homine, lui demanda même plusieurs explications sur sa position et ses projets, et comme il apprit que le village que Claude habitait se trouvait sur la route qu’il fallait parcourir pour aller à Chambéry, il lui témoigna le désir de voir sa fiancée en passant.

Après cette nuit d’émotion, milord Wilman avait besoin d’un peu de repos. Il demanda une chambre, mais avant de se retirer, il fit promettre à son sauveur qu’il attendrait son réveil, et qu’ils retourneraient ensemble dans la commune de Challes.

Il était plus de midi quand nos trois voyageurs