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L’Anglais se leva, prit la main de la jeune paysanne, la mit dans celle de Claude, et les pressant toutes deux dans les siennes : pensez toujours, leur dit-il, que j’étais l’ami de vô.

Et après cette espèce de fiançailles il sortit gravement, mais visiblement impressionné.

Claude embrassa sur les deux joues sa chère Maurise : à ce soir, mie, lui dit-il, je vais rassurer le père et la mère Porraz. Et il suivit l’Anglais.

La berline continuait à être entourée de curieux. Les enfants ne pouvaient se lasser d’admirer cette belle voiture peinte en marron avec des filets rouges. Tout ce petit monde allait, venait, inspectait, commentait les moindres détails en se communiquant des réflexions qui excitaient l’envie ou l’hilarité générale. Les plus hardis se tenaient près des chevaux, essayaient de leur faire une petite caresse en leur passant la main sur le museau, et se reculaient effrayés quand ceux-ci piaffaient d’impatience ou relevaient fièrement la tête en faisant sonner leurs grelots.

Le postillon avait mis pied à terre et, après avoir recouvert ses chevaux d’une grossière couverture en laine, il profita de ce temps d’arrêt pour fumer une pipe. Tandis qu’il battait le briquet, un jeune homme un peu plus osé que les autres essaya de lui faire quelques questions, auxquelles il répondit avec tant de complaisance que bientôt un cercle nombreux se forma autour de lui, et, pendant qu’à l’intérieur de la chaumière, Claude faisait part à la