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famille Couter de ce qui s’était passé et de la libéralité de l’Anglais, le conducteur, de son côté, racontait à ses curieux auditeurs les événements de la nuit. Aussi, le soir de ce même jour, tout Challes connaissait l’aventure de Daudon Porraz, et chacun en jasait et la commentait à sa manière.

Claude aida milord Wilman à remonter en voiture et à se calfeutrer dans ses magnifiques fourrures, puis il accompagna l’équipage jusqu’au moment où celui-ci quitta le chemin du village pour prendre la grande route blanche de Chambéry.

Alors, il serra une dernière fois la main de ce bienfaiteur qu’il ne devait plus revoir, et lui souhaita bon voyage.

La berline s’ébranla ; les roues écrasèrent le gravier avec un bruit sec ; les sabots des chevaux lancèrent des étincelles. Le jeune paysan regarda la voiture qui s’éloignait rapidement et la suivit jusqu’à ce qu’il la vit enfin disparaître dans un nuage de poussière, doré par le soleil couchant. Et tandis que l’Anglais, livré à ses réflexions, se félicitait du plaisir d’avoir fait deux heureux et de l’aventure qui l’avait distrait de la monotonie de son voyage, Claude prenait allègrement le chemin du Chaffard.

Les Porraz avaient déjà appris, par la rumeur publique, une partie des événements arrivés à leur garçon, mais ils n’en connaissaient ni les heureux résultats, ni les détails ; aussi, pendant le repas du