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à sa portée, il les lança très-adroitement contre les imprudents, qui, du reste, je dois le dire, vidèrent assez lestement les lieux pour ne rien craindre de sa fureur.

Quand ils eurent disparu à l’horizon, c’est-à-dire au détour du chemin, la vaillante bête, sans s’enorgueillir plus qu’il ne convenait de son facile triomphe, s’en revint modestement demander à Sta une récompense qui ne se fit point attendre.

Ici, je me sens prise d’un scrupule de délicatesse que l’on comprendra : je ne voudrais point dépoétiser mon héros en révélant ses faiblesses, et je conçois qu’il serait utile pour sa réputation de ne point dire en quoi consistait la rémunération de ses exploits ; mais la vérité est là, elle sera toujours là, tandis qu’il y a beau temps que le singe se moque de ce qu’on pourrait penser de lui. Donc, voici le fait. La Bohémienne appela les marmots qui se vautraient dans la poussière, comme de jeunes porcs dans un fossé quatre ou cinq accoururent. Sta montra au singe leur tête, et l’animal joyeux, sautant d’une épaule à l’autre, se mit en chasse dans la chevelure graisseuse et crépue de chacun d’eux.

Je dois dire que le contentement paraissait égal des deux côtés : la complaisance des moricauds et la dextérité du singillon produisirent des résultats très appréciables ; mais comme il ne faut abuser, de rien, Sta donna le signal de la retraite au vorace quadrumane qui, bien à regret, aban-