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rée à Chambéry pour y donner des représentations. Les Bohémiens que je voyais devaient attendre leurs compagnons pour repartir tous ensemble, mais elle ignorait combien de jours ils camperaient aux Trois-Sentiers.

Ces choses, Sta me les disait dans un langage pittoresque, émaillé de mots de toutes les consonnances et de tous les dialectes. Au fond, nous avions bien un peu de mal à nous comprendre, mais je n’en étais pas moins enchantée de ma nouvelle connaissance, et certes je n’eusse point encore interrompu l’entretien si, tout d’un coup, je n’avais vu apparaître à trente pas la figure rouge et renfrognée de Josette, qui, probablement avertie par les fuyards de ma présence au camp des Bohémiens, venait tout droit m’y relancer. Il fallut quitter mon amie, non sans lui avoir fait promettre de me rendre très-prochainement visite, en compagnie de Pruk, bien entendu.

Je suivis donc Josette, laquelle me gronda tout le long du chemin, m’assurant en outre que je n’en serais pas quitte pour cela… — Si ce n’était pas des abominations !… Avoir battu mes compagnons… les avoir mis en fuite, à l’aide d’une sorcière de bête, que c’était peut être venimeux… cela méritait une punition dont mes oreilles garderaient longtemps un cuisant souvenir….

À mesure que j’avançais, ma faute prenait, même à mes yeux, des proportions d’une gravité inquiétante. J’allais avoir à répondre de mon délit devant