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toute l’assemblée des parents de mes ex-amis. Cependant, comme je n’en étais pas à mon coup d’essai là-dessus, ce fut l’âme point trop troublée que je rentrais chez grand’mère. Mes camarades avaient passé par-là, cela se voyait de reste.

J’eus deux fables à étudier, quatre pages de barres à confectionner, et comme œuvre expiatoire, deux échevaux de coton à dévider !…… Vous voyez que bonne-maman savait rattraper la sévérité perdue quand elle faisait tant que de s’y mettre.

Oh ! vous tous gens raisonnables d’à présent, vous, mes contemporains, hommes et femmes, qui perdez un instant à me lire, vous souvient-il du profond désespoir dans lequel vous a plongés jadis une situation pareille à celle que je décris ? Vous souvenez-vous d’avoir pleuré toutes les larmes de votre cœur pour une de ces peccadilles que les moutards d’aujourd’hui dédaignent de commettre ? Vous souvient-il de ces appels farouches et désespérés à la miséricorde céleste pour vous délivrer des corrections paternelles ?… Vous en souvient-il, dites, vous en souvient-il ?… Je pleurai, je rageai ; je pris les chaises et la pendule à témoin de mon affliction et de mon courroux. Puis, comme adoucissement à ma peine, je jetai le malencontreux fabuliste sous une commode, bien décidée à l’y laisser à jamais.

Grand’mère, en femme de précautions, était allée passer l’après-dîner chez la vieille Mme B***, afin de n’avoir pas l’occasion de s’attendrir. Josette,