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et jambes, afin de juger par nous-mêmes de notre degré d’aptitude à exécuter le saut périlleux, la turbine horizontale ou le télégraphe aérien. À dire vrai, l’exercice me paraissait peu agréable, mais Alexandre me persuada qu’on se faisait à tout, et qu’à la fin on était plus son aise sur une corde tendue qu’une carpe au milieu d’un lac.

Il se peut cependant que nous fussions peu à peu revenus de cette toquade si les projets d’émancipation, dont nous avions fait part à notre amie Sta, n’eussent servi à souhait les mauvais desseins du chef de la troupe. La petite fille, bien stylée par lui et par sa méchante mère, nous promit monts et merveilles si nous voulions l’acccompagner seulement jusqu’à Turin.

D’abord, il était entendu que nous voyagerions dans la petite carriole que traînait Miouck, la vache polonaise ; puis Sta me ferait cadeau de Pruk, le joli petit singe ; Titzo donnerait à Alexandre le roquet savant, et ce qui acheva de nous séduire, ce fut qu’ils nous promirent de nous laisser ramener nos chères bêtes avec nous à notre retour en Savoie, car notre intention n’était certes pas de ne plus revenir à la maison. Seulement, dans notre insoucieuse ignorance de la vie pratique, il nous semblait très simple d’aller à Turin, où d’ailleurs mon petit camarade avait un oncle qui, à l’entendre, serait ravi de le recevoir. Sans doute, il se mettrait en quatre pour nous montrer les merveilles de la ville… Nous verrions le roi !… J’en sautais de bon-