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heur, moi qui ne pouvais m’imaginer quelle forme précise avait une majesté… Alexandre, plus positif, réservait son admiration pour le régiment des gardes du corps, pour les beaux équipages et les chevaux couverts d’or et d’argent. Enfin Turin nous apparaissait dans le lointain comme ces villes enchantées des contes arabes que nous lisions ensemble…

Quant au retour, il était tacitement convenu que l’oncle y pourvoirait, et nous ne pensions pas à nous inquiéter des voies et des moyens de l’effectuer.

Quoi qu’il en soit de ces folles idées d’enfants, j’ai hâte d’arriver au dénouement d’une aventure que je vous ai peut-être déjà trop contée par le menu.

En ce temps-là, grand’mère avait un procès qui lui donnait bien du tourment et, surtout, la forçait à faire de nombreuses courses à Chambéry, où parfois elle couchait. Dans ces circonstances, outre Josette à qui j’étais spécialement confiée, bonne-maman s’en remettait à la gracieuse obligeance de madame V., la mère d’Alexandre, certainement la meilleure femme que la terre eût portée, laquelle se chargeait de remplir auprès de moi le rôle de maman.

Oh ! cher bon temps d’autrefois, où les voisins ne faisaient souvent qu’une même famille, où le couvert des enfants était toujours mis, quelle que fût la table à laquelle ils vinssent s’asseoir !… Chère hospitalité savoyarde si large et si simple à la fois,