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étendus tout de leur long sur les sacs ou les tonneaux de leur chargement, dormaient insoucieux confiants dans la sagacité des chevaux de l’attelage ; de rares voitures de maître amenant à Chambéry une société de touristes ou de bourgeois de retour d’une partie de campagne. Personne parmi ces gens ne s’inquiétait de ce que faisaient là deux enfants tous seuls, ayant d’ailleurs l’air d’habiter dans le voisinage.

Enfin, après longtemps, Alexandre s’écria en frappant des mains : « Les voilà ! Les voilà ! » On apercevait en effet, à cent mètres plus bas, les deux grandes baraques bleues et jaunes quitter le chemin communal et déboucher sur la route où nous attendions. Je crois que toute la tribu faisait à pied cette première étape, car nous voyions de loin un fourmillement de monde entourer les deux énormes véhicules ; mais nous eûmes beau regarder, nous ne vîmes point la petite vache et la carriole dans laquelle nous devions voyager.

« Oh ! me dit Alexandre, Miouck a de trop petites jambes, elle ne peut aller aussi vite que les chevaux ; elle arrivera dans un moment. » Il me parlait encore lorsque tout d’un coup nous aperçûmes la petite tête frisée de Sta à la lucarne de la première voiture. Elle nous fit signe en riant ; nous courûmes vers elle…

— Et Miouck, lui demandai je ?

La danseuse me répondit avec volubilité :

« Le carretto est pas bon pour venir, lui est