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gros clous, remplaçaient les lits absents. Sur ces espèces de rayons d’armoire étaient étendues quelques nippes sales, des couvertures en loques, une limousine de roulier et nombre d’autres guenilles multicolores. Dans les angles, des épluchures de légumes, de la paille moisie, des chaussures de rebut.

Mais ce qui achevait de donner à ce taudis um aspect repoussant, c’est que tout le dessous des banquettes était habité par une population de poules, de lapins, voire même de cochons de mer occupant, famille par famille, des cases grillées et exhalant une odeur impossible à définir. Oh ! que je me souviens, que je me souviens avec dégoût de toutes ces choses !

Nous n’étions pas seuls dans ce bouge. Outre Sta, Alexandre et moi, il y avait encore une vieille Zingara se tenant courbée et ramassée sur elle-même comme un chat qui fait son ronron. Sans doute elle était infirme et ne bougeait jamais de cet antre de sorcière, car je ne me souvenais pas l’avoir vue sous les tentes avec les autres femmes de la bande. Lorsque la porte s’était refermée sur nous, elle s’était redressée en grognant comme un vieux chien en colère ; puis, se pelotonnant de nouveau, elle redevint immobile et silencieuse.

Quand Alexandre et moi nous eûmes assez examiné les objets qui nous entouraient en formulant, de temps à autre, des réflexions tout autres qu’élogieuses, il nous prit fantaisie de regarder par