Page:Ghil - De la poésie scientifique, 1909.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
  
19
de la poésie scientifique

Par Stéphane Mallarmé, se crée le mouvement de « poésie Symboliste », — qui, nous le verrons, devait s’exprimer en modes divers quand elle viendrait à être plus ou moins étendue de sens sous la poussée de nouveaux tempéraments, personnels et puissants.

L’autre détermination poétique vient de moi, et crée la « poésie Scientifique », — c’est-à-dire partant de données de la science, et pour la pensée directrice et pour la technique. Elle représente toute une doctrine, à développement philosophique, sociologique, et d’éthique, et supporte une métaphysique…

C’est en 1885, que, autour de Mallarmé, dans le petit salon de la rue de Rome où il recevait dès lors le mardi soir, le premier groupement s’opéra, avant toutes Écoles. Le charme, l’ascendant vitalement doux qui émanaient de l’homme, proche, et lointain de rêve, de sa parole harmonieuse et subtile, indiciblement nous séduisaient, matérialisaient une atmosphère de silence. Mallarmé dès lors parlait de l’essence du « Symbole », le persuadait comme expression totale, et suprême manière d’art pour susciter d’analogies en analogies l’Idée enclose en tout spectacle : ses concepts empruntaient à Platon, Fichte, Hegel… Je trouvai là parmi les premiers arrivés à la parole nouvelle, Henri de Régnier, Francis Viélé-Griffin, Barrès, Fénéon, plus tard Gustave Kahn, et d’autres, qui n’avaient encore publié qu’en de vagues revues, quelques vers ou proses, sans se préciser de direction.

Je devais l’accueil tout cordial dont m’honorait Mallarmé, à la publication, en décembre 1884, de mon premier livre de vers, livre d’essais, mais dont l’explicite Introduction