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de la poésie scientifique


DE LA POÉSIE SCIENTIFIQUE



I

de l’intuition et de la science en poésie


Si nous nous en tenons à l’acception vulgaire et d’ailleurs originelle du mot : « inspiration », pour caractériser le suprême, le plein et comme impersonnel instant du chaleureux travail poétique, nous le trouvons l’expression d’une sorte de désordre vaticinateur que l’on entend encore du génie, d’un enthousiasme surnaturel, et comme d’une horreur sacrée de visitation divine. Mais, que, le délivrant du sens erroné que nous a transmis à l’égard du poète et de l’art poétique la tradition imaginative, nous entrions en sa simple réalité, nous verrons le mot : « inspiration » n’être que l’équivalent improprement imagé du mot « intuition », au même sens philosophique-scientifique où nous l’avons voulu.

Et tous deux, donc, exprimeront le moment palpitant où la cérébralité du poète s’unit tout à coup, en commotion