Aller au contenu

Page:Ghil - De la poésie scientifique, 1909.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
  
37
de la poésie scientifique

de certitude, à l’essence même des choses qui sont sous sa méditation…

Mais encore est-il prudent de préciser ce que nous avons entendu, poétiquement, par « Intuition », et dire que, nécessaire et motrice, elle ne nous peut cependant contenter en ses aperceptions soudaines et espacées, ou qu’il est possible de l’atteindre par successives approches.

Or, nous ne savons, en dehors de l’habitude spéculative des esprits philosophiques, (mais encore quelle superstition ne se veut séparer de ce mot même), quelle idée il évoque de surnaturel et de divin encore, et de prescience et de révélation illuminante dont le Moi humain, comme avec passivité ne serait point lui-même la cause… Ainsi, c’est très souvent que l’on peut relever la méprise entre la cause et l’effet, entre le moyen et la fin[1].

Or, si loin que nous exaltions notre aventure aux nostalgies éternelles de la Métaphysique, sans souci des divisions scolastiques et de leurs délimitations entravantes et sans valeur, nous en voulons retrouver le sens en la réalité de la Substance, de ce : « que le spiritualisme, c’est-à-dire pour moi, le plus de conscience prise du Tout, émane perpétuellement de la matière en évolution »[2].

Et qu’est donc l’Intuition, tout d’abord, sinon le point d’une synthèse si rapide que l’esprit n’a pu en saisir les immédiats termes analytiques ? Car, du secours d’une


  1. Dans En Méthode nous avons montré, par exemple, comment le principe de « lutte pour l’existence » ne doit point être pris pour Fin de l’énergie, tandis qu’il n’en est qu’un Moyen : d’où la non acceptation des conclusions de Spencer et de Nietzsche.
  2. En Méthode à l’Œuvre.