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de la poésie scientifique

Et aussitôt, il va se compléter de son autre élément de valeur imitative, dessin graphique, et intensités colorées.

Ainsi, l’Idée (rien dans l’esprit qui ne soit d’abord dans la sensation), et le Verbe originellement geste et cri de l’émotivité, sont indissolublement unis en leur même origine instinctive. Expressions d’ondes vibratoires que l’un, le Verbe, extériorise sous l’empire de la conscience, ils sont une suite de mouvements mesurée de diverses durées émotives, — et, par là, ils se produisent à soi-même le Rythme…


Il serait trop long de même résumer ma complexe technique du Vers et du Rythme-évoluant, ni ce que comporte encore « l’Instrumentation verbale » : construction harmonique de la période, substituée à la strophe, du poème, du livre, de l’œuvre, succession et rappel des motifs, etc. L’on doit recourir nécessairement à l’En Méthode.

Il sied cependant d’en rapporter quelques points…

Originairement série de cris émotifs, le langage a pour valeurs expressives essentielles les Voyelles, — durées vibratoires de hauteur et d’intensité diverses et variables — dont les Consonnes sont des modifications.

Les travaux de Helmholtz et de Krazenstein sur les harmoniques ont démontré que les Voyelles doivent être considérées comme des timbres-vocaux.

Ainsi, les mots apparaissent les éléments multiplement souples et modifiables à composer une nombreuse Symphonie-verbale, sous la domination évoluante de l’Idée émue. Le poète devra donc admettre la langue poétique sous son double et pourtant unique aspect : phonétique et idéographique, le sens usuel et la valeur émotive du son des mots