Page:Ghil - De la poésie scientifique, 1909.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
  
45
de la poésie scientifique

étant requis en même temps, en concordance avec les idées directrices du poème. (Les passions ont avec les sons un lien puissant et secret, a écrit Jean-Jacques Rousseau. — « La pensée, qui tient à la lumière, s’exprime par la parole, qui tient au son », a dit incidemment Balzac.)

Donc, en élection (qui sera spontanée) par le poète possédé de l’Émotion, en élection des mots au mieux d’expression idéographique et phonique concordante : les timbres-vocaux (sons-Voyelles complétés ou modalisés par les Consonnes), ou sonnent leur pure et distincte valeur, ou agissent les uns sur les autres à donner toutes nuances de tonalités, — alors, cependant, qu’une tonalité générale du poème existera. Et ils pourront, si la pensée le leur demande, soutenir monotonement lente ou rapide, une phrase, en se répétant en même son à mêmes hauteur et intensité. Ou, de passages réitérés, intervertis, harmoniquement ou inharmoniquement distants, de tous leurs points sonnants, ils exprimeront un idéal ondulement de la pensée et de la parole qui participera des ondes de l’univers… Pensée et sa parole, même principe et même destination du Rythme, — unité consciente et émotive que réclame notre concept général que « toute œuvre poétique n’a de valeur qu’autant qu’elle se prolonge en suggestion des lois qui ordonnent et unissent l’Être-total du monde[1] ».

Poétiquement, toute idée doit être émue, c’est-à-dire qu’elle doit en ambiance émotive redonner expressivement les trois éléments de l’origine.

J’ai donc déterminé les rapports les plus généraux et cons-


  1. En Méthode à l’Œuvre.