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de la poésie scientifique

volumes, poèmes, critiques, romans, traductions est des plus avertis sur le mouvement d’hier. Il a aimé et traduit et étudié les poètes Symbolistes, en même temps qu’il s’est trouvé devant la doctrine poétique-Scientifique, elle qui s’accorda à son esprit dont l’évolution gravement méditative le devait naturellement mener à proclamer que la poésie doit savoir et penser pour en dire nouvellement son émotion et son lyrisme, et à œuvrer ainsi selon son énergique personnalité.

Il m’honorait trop de m’écrire, avec sa grande sincérité d’âme, en 1907 : « Plus j’étudie votre œuvre, plus j’admire sa grandeur et sa portée universelle. Ayant donné déjà cinq volumes de vers et plusieurs de prose, je me vois approcher des confins de votre Poésie scientifique. Ses principes me semblent de plus en plus inébranlables… »

Et voici un apport à la « Poésie scientifique » dont la valeur se double, ici encore, de la grande notoriété du poète.

C’est, ému aussi de ce sens universel qui requiert le poète russe, qu’en Angleterre, en 1905, c’est-à-dire vingt années après mes premiers dires, un poète qui œuvra avec un remarquable talent en le mode ordinaire, M. John Davidson, à son tour proclama de propres principes de Poésie scientifique « désormais seule admissible ». Or, ses conclusions se présentent comme identiques aux miennes : « la poésie doit être le poème complexe et essentiel de l’Univers conscient de soi[1] ».


  1. John Davidson. — The Theatrocrat. — Introduction. (E. Grant Richard, éditeur, Londres, 1905).

    (À lire, une Étude remarquable sur ce volume, de M. Laurence Jerrold, Écrits pour l’Art, de janvier 1906)…