— Au là-Haut, noire Terre, où veille seul et prie
L’hosanna des grands lis pleins d’une eau roide et d’or,
Où le lis, ô Dieu père, et Vous, Vierge Marie !
De mon doux premier-né qui se nomme Trésor ? —
De sa Terrasse nue et de verdures veuve,
Telle, aux grands lis, ainsi que Vierge son Iésus,
Hausse-t-elle son homme ! et leur simplesse neuve
Mêle l’homme et les lis de la Terre onques eus.
… Tout rêves, le noir pense : et la lune, qui noie, —
Hors de tout, eau qui lampe et qui rampe, — les lis !
Plane et pâle s’éverse en le noir qui verdoie
Sur la Terre et là-haut : et, poussés les lapis
De verdures sans noms, — âme des algues, glauque
Sous la pâleur de l’eau languide, et qu’on voit au
Travers, — par le grand Noir devenu prés, non rauque
Va montant le Trop-plein de la lune et son eau !…
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