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taine la trouvera trop pauvre, et monotone la prosodie du temps, lui qui voudra le mot image et son, et, avec un art savant disparu dans la simplicité, sera le premier créateur de Rythmes — adéquats aux mouvements de la pensée et de l’acte, au morphisme des choses.

Quant à l’inspiration poétique du xviie siècle (hors La Fontaine), c’est la condamnation de toute nouveauté, à travers le précepte de Boileau. Pour lui et pour tout le siècle, le Vrai est norme d’art, mais un Vrai inévoluant, inévolué depuis les œuvres des Anciens qui l’ont transmis : pareilles encore sont les âmes et les choses, et il n’est donc qu’à reprendre sans scrupule les thèmes Latins et Grecs, tragédies et comédies.

Le xviiie siècle vient, qui apporte des temps qui n’ont point peur de la nouveauté. La poésie sera pleine de l’action de la grande et somptueuse Histoire naturelle, et par là elle est certainement scientifique — mais dans la malencontreuse acception du mot, contre laquelle nous nous élevions en commençant, et non point en l’esprit où nous l’avons voulue. Elle demeurera, caractérisant