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Digne de mémoire est aussi Népomucène Lemercier, de qui le nom ne représente quasi rien, pour les modernes générations. Lemercier se présente pourtant comme un premier « Romantique », pour sa luttante énergie à rendre à la langue poétique que nous avons vue si précaire, si prosaïque, et dénuée de sensibilité, une vie sensitive. Formes, musicalité, couleur, ampleur et souplesse, il tente cette rénovation de manière qu’elle pût à nouveau transmettre, inséparés de l’idée, sensation et sentiment. Il ne réussit pas, pour n’avoir eu le génie artistique des Chénier, Lamartine, Hugo, et son œuvre n’eut pas la puissance de se survivre… Il est pourtant un esprit original, inquiet, vraiment savant, plein de pressentiments d’un art qu’il ne put produire, d’une expression sur laquelle il se trompa étrangement.

Népomucène Lemercier, lui aussi, chante la Science. Plus que Delille, il la conçoit généralement, il ne s’attarde pas aux détails, saisit les caractéristiques et les rapports généraux. Mais quelle étrange conception du plan de son œuvre principale, cette Atlantiade, ou la Théogonie