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Newtonienne ! Quelle plus contradictoire manière d’exposer des données et des concepts de science, que de les « personnaliser » et les mettre en acte en une sorte de drame allégorique à sentiments anthropomorphes ! Disons-le dès maintenant, poétiquement rien de plus anti-scientifique.

C’est, au résumé, sur l’Atlantide parvenue à la religion de la Science et qu’habitent les hommes « en communion avec la Nature », l’invasion d’un peuple apporteur du culte des Divinités de l’Orient. Les divers personnages, qui le moins singulièrement se nomment Néon, Lampélie (la Lumière), Zoophile, Electrone, Brione (la Vie), etc., ne sont autres que les phénomènes naturels doués de passions humaines. « Deus ex machinâ », Théore, l’Être suprême, anéantit l’Atlantide envahie par les sectateurs des Dieux et triomphants : tout périt, excepté Néon et la vierge qui deviendra son épouse quand ils seront parvenus aux rivages d’Amérique où ils garderont intacte la Religion de la Science… Évidemment, l’intention est excellente, mais c’est tout, en cette inacceptable théogonie Newtonienne. Nous n’avons pas à insister sur