Page:Ghil - Traité du verbe, 1886.djvu/16

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l’apothéose concluante élu par la sévère déduction un Vainqueur s’ériger.


Sans visage et sans âme, aux énormités du Rien-encore, en la vaporeuse stupeur de la Terre première, d’une palpitation advient le Désir seul d’être et de multiplier : et parmi les époques de végétations en rut de vagues et montueux amours accomplissent la loi d’où sort le Mieux. Mais les âges luiront, où, par les portées meilleures, à la noble attitude s’étant levée, du regard vers l’aurore, de l’Homme et son Amante soupçonnant le Baiser s’en ira sur la route sentimentale la prime allée songeusement amoureuse.

Qui, aux monstrueux paradis, à leurs genèses assista, du sang et du rêve désormais le moderne regard notera la lutte : et passeront sous le regard l’Homme présent et l’Amie.

Tendre émoi de l’ignare sommeil, onde sur l’onde et vent aux rameaux, s’étonnant de l’antagonisme l’Adolescence écoute en les plumes des cieux monter l’orage : et le heurt des cris de l’Age-mûr appelle : et du malaise silencieux d’eau morte sur les Ans-de-retour plane : et sur la Vieillesse qui, se remémorant, s’en va, implore le doute interrogateur d’une méditation qui de moins en moins évague ; quand à l’interrogation qui n’est sûre du Vainqueur par le retour aux souvenirs une réponse quasi-pleine est donnée, permettant d’ouvrir à la lumière le livre dernier.



Si me garde la Vie, et, prenant pitié du Travailleur, vaillant ! voilà l’œuvre qui sera : après ma Poétique, ma Poésie.