Page:Ghil - Traité du verbe, 1886.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Vie, peut-être il sauvera dans la sûreté des symboles la genèse et l’ouvraison des Pubertés : en eux, saisi dans ses métamorphoses les plus douteuses il fera le naturel Désir soupirer, qui dans le pollen et l’ovaire tressaille : du prime trouble au mûr épanouissement de l’attente, poème, saint et tragique autant qu’apprêts de Sacrifice, de l’homme vierge et de la femme non blessée.


Mais heureux ! si quelque idée si ample et si haute de la veille a surgi, que de toutes les œuvres de notre Œuvre elle sera l’immuable Dame ! Si elle doit prospérer de manière que : parallèle à un esprit mûri à l’expérience des multiples soleils grandisse des œuvres sœurs la sapience, et que viennent à l’égal des suprêmes s’épanouir un rêve et une philosophie : plus heureux le Chanteur, s’il n’est, hélas ! indigne de ce destin roi lui ordonnant, un soir d’intense pensée, de graver « Sagesse » aux voûtes de son palais.

Tranquille il pourra s’éteindre.

Vers les avenirs ouvrira le lis impeccable et un la suggestive rêverie de sa gloire dorée d’un arôme : et quand, ravageuse peut-être des silves aux mille pétales de rose, par les poésies passera la trop maligne Postérité, devant le lis, en vérité, la Belle aux doigts cruels ne saura comment la ruine entreprendre, et par une religion séduite elle l’emportera, insacrifiable, pour son rêve habituel.