Page:Ghil - Traité du verbe, 1886.djvu/22

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Si glorieux et un, pourtant, montera vers l’imminent soleil, aux adorations ouvrant son orgueil qui s’ignore, le grand lis implacable : qu’en le cœur de la Belle la mémoire d’un culte s’éveille et qu’elle l’emporte, insacrifiable, en le lieu mystérieux où son esprit s’enrêve.



Tournant de tel poète les pages trop peu liées, ou dans une vaunéante inharmonie se heurtent amour, religion, philosophie, et menus propos, hélas ! qui n’a d’énervement raidi ses longs doigts d’artiste ? Ce ne sont là que hasards, en quelque sorte, de variations atmosphériques : si évident est-il, qu’il rêva l’espérant poème pour l’aurore seulement qui le surprit d’un soleil triomphal, et l’autre, noir, pour le soir hivernal, quand le spleen somnolait dans la pluie lente.

Ce livre, de vanité, nous l’amassâmes Tous et n’en sourions. Il est l’inévitable veille, et de grand prix, d’un studieux apprentissage pour qui veut devenir l’Ouvrier que hante l’espoir du Chef-d’œuvre : mais il ne doit s’imprimer. Beau de sa naïveté, prétentieuse un peu, mais sacrée par l’écriture juvénile et la vieille encre jaunie, que le poète garde le tant aimé Manuscrit : vieilles lettres des amours qui n’étaient pas l’Amour.


Un soir harmonieux de rythmes et de pensées, sur la Terre promise la première œuvre d’une joie pure tonne.


Ce sera peut-être la liliale immortalisation de sa viride Tendresse qu’il tentera, le Poète, montante vers le souhait des édens et de la simple et pérennelle possession des âmes : et le livre dira des Miroirs en lesquels il alla chérir son rêve l’onde fidèle ou décevante.

Ou (toute issue qu’il veut impitoyable laissant du Divin la personnalité sous le vers infrangible sourdre), dur investigateur de la