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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. I.

de l’Afrique, elle n’est accessible que du côté de l’Asie, dont elle a reçu la loi dans presque toutes les révolutions de l’histoire. Un préfet romain occupait le trône pompeux des Ptolémées ; maintenant le sceptre de fer des mamelucs est entre les mains d’un pacha turc. Le Nil arrose cette contrée dans un espace de deux cents lieues, depuis le tropique du Cancer jusqu’à la Méditerranée : les inondations périodiques de ce fleuve font toute la richesse du pays, et leur élévation en est la mesure. Carène, située vers l’occident et sur la côte de la mer, avait été d’abord une colonie grecque ; elle devint ensuite une province d’Égypte : elle est aujourd’hui ensevelie dans les déserts de Barca[1].

    dant les limites de l’Asie jusqu’à la branche occidentale du Nil, ou même jusqu’à la grande cataracte, renferment dans cette partie du monde, non-seulement l’Égypte, mais encore presque toute la Libye.

  1. Cyrène fut fondée par des Lacédémoniens sortis de Théra, île de la mer Égée. Crinus, roi de cette île, avait un fils, nommé Aristée, et surnommé Battus (du grec Βάττος), parce qu’il était, selon les uns, muet, ou, selon les autres, bègue et embarrassé dans sa prononciation. Crinus consulta l’oracle de Delphes sur la maladie de son fils : l’oracle répondit qu’il ne recouvrerait l’usage libre de la parole que lorsqu’il irait fonder une ville en Afrique. La faiblesse de l’île de Théra, le petit nombre de ses habitans se refusaient aux émigrations ; Battus ne partit point. Les Théréens, affligés de la peste, consultèrent de nouveau l’oracle, qui leur rappela sa réponse. Battus partit alors, aborda en Afrique, et effrayé, selon Pausanias, par la vue d’un lion, il reprit soudain, en poussant un cri, l’usage de la parole.