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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. II.

gions, gouvernaient des provinces, et étaient admis dans le sénat de Rome[1] : leur ambition, au lieu de troubler la tranquillité publique, se trouvait étroitement liée à la grandeur et à la sûreté de l’état.

Division des provinces grecques et latines.

Les Romains n’ignoraient pas l’influence du langage sur les mœurs ; aussi s’occupèrent-ils sérieusement des moyens d’étendre avec leurs conquêtes l’usage de la langue latine[2]. Il ne resta aucune trace des différens dialectes de l’Italie : l’étrusque, le sabin et le vénète disparurent. Les provinces de l’Orient ne furent pas aussi dociles à la voix d’un maître victorieux. L’empire se trouva ainsi partagé en deux parties entièrement différentes. Cette distinction se perdit dans l’éclat de la prospérité ; mais elle devint plus sensible à mesure que les ombres de l’adversité s’abaissèrent sur l’univers romain. Les contrées de l’Occident furent civilisées par les mains qui les avaient soumises. Lorsque les Barbares commencèrent à porter avec moins de répugnance le joug de la servitude, leurs esprits s’ouvrirent aux impressions nouvelles des sciences et de la civilisation. La langue de Virgile et de Cicéron fut universellement adoptée en Afrique, en Espagne, dans la Gaule, en Bretagne

    de la contrée. La victoire de César à Alesia peut servir d’époque, dit d’Anville, à l’asservissement de la Gaule au pouvoir de Rome. (Note de l’Éditeur.)

  1. Tacite, Annal., XI, 23, 24. Hist. IV, 74.
  2. Pline, Hist. nat., III, 5 ; saint Augustin, De Civit. Dei, XIX, 7. Juste-Lipse, De prononciatione linguæ latinæ, c. 3.