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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. II.

et le mépris, s’il n’eût pas découvert un trésor immense dans une vieille maison, seul reste de son patrimoine. Selon la loi, une partie de ces richesses appartenait à l’empereur : Atticus prévint prudemment, par un libre aveu, le zèle des délateurs. Le trône était alors occupé par l’équitable Nerva, qui ne voulut rien accepter, et fit répondre à Atticus qu’il pouvait jouir sans scrupule du présent que lui avait fait la fortune. L’Athénien poussa plus loin la circonspection : il représenta que le trésor était trop considérable pour un sujet, et qu’il ne savait comment en user. « Abuses-en donc, car il t’appartient[1], » répliqua l’empereur avec un mouvement d’impatience qui marquait la bonté de son naturel. Atticus pourra passer dans l’esprit de bien des gens pour avoir obéi littéralement à ce dernier ordre de l’empereur, car sa fortune s’étant trouvée bientôt après fort augmentée par un mariage avantageux, il en consacra la plus grande partie à l’utilité publique. Il avait obtenu pour son fils Hérode la préfecture des villes libres de l’Asie. Le jeune magistrat voyant que celle de Troade était mal fournie d’eau, reçut d’Adrien, pour la construction d’un nouvel aqueduc, trois cents myriades de drachmes, environ cent mille livres sterl. Mais l’exécution de l’ouvrage se monta à plus du double de l’évaluation ; et les offi-

  1. Adrien fit ensuite un règlement très-équitable, qui partageait tout trésor trouvé, entre le droit de la propriété et celui de la découverte. Hist. Aug., p. 9.