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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. III.

premier chapitre de cet ouvrage, on peut se former une idée des armées et des provinces de l’empire, lorsque Auguste prit en main les rênes du gouvernement. Comme il eût été impossible à ce prince de commander en personne les légions répandues sur des frontières éloignées, il obtint, comme Pompée, la permission de confier son autorité à des lieutenans. Ces officiers paraissent avoir eu le même rang et le même pouvoir que les anciens proconsuls ; mais leur commandement était subordonné et précaire ; ils tenaient leur commission des mains d’un chef suprême, qui s’attribuait la gloire de leurs exploits ; ils n’agissaient que sous ses auspices[1] : en un mot, ils étaient les représentans de l’empereur, seul général de la république, et dont l’autorité civile et militaire s’étendait sur tous les domaines de Rome. Le sénat avait la satisfaction de voir que ses membres jouissaient seuls de ces dignités importantes. Les lieutenans de l’empire étaient choisis parmi les anciens consulaires ou les anciens préteurs ; les légions avaient à leur tête des sénateurs, et de tous les gouvernemens de provinces, il n’y eut que la préfec-

  1. Sous la république, le triomphe n’était accordé qu’au général autorisé à prendre les auspices au nom du peuple. Par une conséquence juste, tirée de ce principe de religion et de politique, le triomphe fut réservé à l’empereur ; et ses lieutenans, au milieu des emplois les plus éclatans, se contentèrent de quelques marques de distinction, qui, sous le titre de dignités triomphales, furent imaginées en leur faveur.