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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

gnée de la capitale, et la découverte fatale qu’elle fit de la faiblesse du gouvernement, présageaient les plus terribles convulsions.

Révolte de Maternus.

Un nouveau désordre, dont on avait négligé d’arrêter les faibles commencemens, trahit bientôt la négligence de l’administration. Les désertions devenaient fréquentes parmi les troupes : après avoir abandonné leurs drapeaux, les soldats, au lieu de se cacher et de fuir, infestèrent les grands chemins. Maternus, simple soldat, mais d’une hardiesse et d’une valeur extraordinaires, rassembla ces bandes de voleurs, et en composa une petite armée. Il ou-

    Auguste, p. 48. Dion donne à Perennis un caractère moins odieux que ne le font les autres historiens : sa modération est presque un gage de sa véracité (*).

    (*) Gibbon loue Dion de la modération avec laquelle il parle de Perennis, et suit cependant, dans son propre récit, Hérodien et Lampride. Ce n’est pas seulement avec modération, c’est avec admiration que Dion parle de Perennis : il le représente comme un grand homme qui vécut vertueux et mourut innocent ; peut-être est-il suspect de partialité : mais ce qu’il y a de singulier, c’est que Gibbon, après avoir adopté sur ce ministre le jugement d’Hérodien et de Lampride, se conforme à la manière peu vraisemblable dont Dion rapporte sa mort. Quelle probabilité, en effet, que quinze cents hommes aient traversé la Gaule et l’Italie, et soient arrivés à Rome sans s’être entendus avec les prétoriens, ou sans que Perennis, préfet du prétoire, en ait été informé et s’y soit opposé ? Gibbon, prévoyant peut-être cette difficulté, a ajouté que les députés militaires fomentèrent les divisions des prétoriens ; cependant Dion dit expressément qu’ils ne vinrent pas jusqu’à Rome, mais que l’empereur alla au-devant d’eux ; il lui fait même un reproche de ne leur avoir pas opposé les prétoriens, qui leur étaient supérieurs en nombre, Hérodien rapporte que Commode, ayant appris d’un soldat les projets ambitieux de Perennis et de son fils, les fit attaquer et massacrer de nuit. (Note de l’Éditeur.)