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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. V.

livres st. Aussitôt les portes du camp s’ouvrirent devant lui ; l’acquéreur fut revêtu de la pourpre, et reçut le serment de fidélité des troupes. Les soldats conservèrent en ce moment assez d’humanité pour stipuler qu’il pardonnerait à Sulpicianus, et qu’il oublierait quelles avaient été ses prétentions[1].

Julianus est reconnu par le sénat.

Il restait aux prétoriens à remplir les conditions de leur traité avec un souverain qu’ils se donnaient et qu’ils méprisaient : ils le placèrent au milieu de leurs rangs, l’environnèrent de tous côtés de leurs boucliers, et, serrés autour de lui, le conduisirent en ordre de bataille à travers les rues désertes de la ville. Le sénat convoqué reçut ordre de s’assembler ; ceux d’entre les sénateurs que Pertinax avait honorés de son amitié, ou qui se trouvaient être les ennemis personnels de Julianus, jugèrent devoir affecter plus de joie que les autres sur l’événement de cette heureuse révolution[2]. Après avoir rempli le sénat de gens armés, Julianus prononça un discours fort étendu sur la liberté de son élection, sur ses qualités éminentes, et sur sa confiance dans l’affection de ses concitoyens. Sa harangue fut universellement applaudie ; toute l’assemblée vanta son bonheur et ce-

  1. Une des principales causes de la préférence accordée par les soldats à Julianus, fut l’adresse qu’il eut de leur dire que Sulpicianus ne manquerait pas de venger sur eux la mort de son gendre. Voyez Dion, p. 1234 ; Hérod., l. II, c. 6. (Note de l’Éditeur.)
  2. Dion Cassius, alors préteur, était ennemi personnel de Julianus, l. LXXIII, p. 1235.