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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

fils du gouverneur de Syrie, et il leur fit donner la même éducation qu’à ses propres enfans, tant que la puissance de Niger inspira de la terreur ou même du respect ; mais ces infortunés furent bientôt enveloppés dans la ruine de leur père, et soustraits à la compassion publique par l’exil, ensuite par la mort[1].

Envers Albinus.

Tandis que Sévère portait la guerre en Orient, il avait raison de craindre que le gouverneur de Bretagne, après avoir passé la mer et franchi les Alpes, ne vînt occuper le trône vacant, et ne lui opposât l’autorité du sénat soutenue des forces redoutables de l’Occident. La conduite équivoque d’Albinus, qui n’avait point voulu prendre le titre d’empereur, ouvrait un champ libre à la négociation. Oubliant à la fois et ses protestations de patriotisme et la jalousie du pouvoir suprême, qu’il avait voulu obtenir, ce général accepta le rang précaire de César, comme une récompense de la neutralité fatale qu’il promettait d’observer. Sévère, jusqu’à ce qu’il se fût défait de son premier compétiteur, traita toujours avec les plus grandes marques d’estime et d’égard un homme dont il avait juré la perte ; et même dans la lettre où il lui apprend la défaite de Niger, il l’appelle son frère et son collègue ; il le salue au nom de sa femme Julie et de ses enfans, et il le conjure de maintenir les armées de la république dans la fidélité nécessaire à leurs intérêts communs. Les messagers chargés de

  1. Hérodien, l. III, p. 96 ; Hist. Aug., p. 67, 68.