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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. VI.

L’impératrice Julie, sa femme.

Ce prince, comme presque tous les Africains, s’appliquait avec la plus grande ardeur aux vaines études de la divination et de la magie ; il était profondément versé dans l’interprétation des songes et des présages, et connaissait parfaitement l’astrologie judiciaire ; science qui, de tout temps, excepté dans notre siècle, a conservé son empire sur l’esprit de l’homme. Sévère avait perdu sa première femme tandis qu’il commandait dans la Gaule lyonnaise[1]. Résolu de se remarier, il ne voulut s’unir qu’avec une personne dont la destinée fût heureuse. On lui dit qu’une jeune dame d’Émèse en Syrie était née sous une constellation qui présageait la royauté : aussitôt il la recherche en mariage, et obtient sa main[2]. Julie Domna, c’est ainsi qu’on la nommait, méritait tout ce que les astres pouvaient lui promettre. Elle conserva jusque dans un âge avancé les charmes de la beauté[3], et elle joignit à une imagination pleine de grâces une fermeté d’âme et une force de juge-

  1. Vers l’année 186. M. de Tillemont est ridiculement embarrassé pour expliquer un passage de Dion dans lequel on voit l’impératrice Faustine, qui mourut en 175, contribuer au mariage de Sévère et de Julie (l. LXXIV, p. 1243). Ce savant compilateur ne s’est pas aperçu que Dion rapporte un songe de Sévère, et non un fait réel : or, les songes ne connaissent pas les limites du temps ni de l’espace. M. de Tillemont s’est-il imaginé que les mariages étaient consommés dans le temple de Vénus, à Rome ? (Histoire des Empereurs, tom. III, p. 789, note 6.)
  2. Hist. Aug., p. 65.
  3. Hist. Aug., p. 85.