Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/342

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d’y découvrir quelques vices et un grand nombre de défauts. Le choix de ses ministres lui attira souvent de justes reproches ; et le peuple, avec sa sincérité ordinaire, se plaignait à la fois de la douceur indolente et de la sévérité excessive de son souverain[1].

Et de l’armée.

L’ambition avait porté Macrin à un poste élevé, où il était bien difficile de se tenir ferme, et duquel on ne pouvait tomber, sans trouver aussitôt une mort certaine. Nourri dans l’intrigue des cours, et entièrement livré aux affaires dans les premières années de sa vie, ce prince tremblait en présence de la multitude fière et indisciplinée qu’il avait entrepris de commander. Il n’avait aucun talent pour la guerre ; on doutait même de son courage personnel. Son fatal secret fut découvert : on se disait dans le camp que Macrin avait conspiré contre son prédécesseur. La bassesse de l’hypocrisie ajoutait à l’atrocité du crime, et la haine vint mettre le comble au mépris. Il ne fallait, pour soulever les troupes et pour exciter leur fureur, qu’entreprendre de rétablir l’ancienne discipline. La fortune avait placé l’empereur sur le trône dans des temps si orageux, qu’il se trouva forcé d’exercer l’office odieux et pénible de réformateur. La prodigalité de Caracalla fut la source de tous les

  1. Dion et Hérodien parlent des vertus et des vices de Macrin avec candeur et avec impartialité, mais l’auteur de sa Vie, dans l’Histoire Auguste, paraît avoir aveuglément copié quelques-uns de ces écrivains dont la plume vénale, vendue à l’empereur Héliogabale, a noirci la mémoire de son prédécesseur.