Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/344

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tages d’une nouvelle révolution. Les vétérans, loin d’être flattés d’une distinction avantageuse, croyaient voir dans les premières démarches de l’empereur le commencement de ses projets de réforme. Les nouveaux soldats entraient avec une sombre répugnance dans un service devenu plus pénible, et dont les récompenses avaient été diminuées par un souverain avare et sans courage pour la guerre ; des clameurs séditieuses succédèrent à des murmures impunis ; et les soulèvemens particuliers, indices certains du mécontentement des troupes, annonçaient une rebellion générale. L’occasion s’en présenta bientôt à des esprits ainsi disposés.

Mort de l’impératrice Julie.

L’impératrice Julie avait éprouvé toutes les vicissitudes de la fortune : tirée d’un état obscur, elle n’était parvenue à la grandeur que pour sentir toute l’amertume d’un rang élevé. Elle fut condamnée à pleurer la mort de l’un de ses fils, et à gémir sur la vie de l’autre. Le sort cruel de Caracalla, quoique elle eût dû le prévoir depuis long-temps, réveilla la sensibilité d’une mère et d’une impératrice. Malgré les égards respectueux de l’usurpateur pour la veuve de Sévère, il était bien dur à une souveraine d’être réduite à la condition de sujette. Bientôt Julie mit fin, par une mort volontaire[1], à ses chagrins et à

  1. Dès que cette princesse eut appris la mort de Caracalla, elle voulut se laisser mourir de faim : les égards que Macrin lui témoigna, en ne changeant rien à sa suite et à sa cour, l’engagèrent à vivre ; mais il paraît, autant du moins que le texte tronqué de Dion et l’abrégé imparfait de Xiphilin