Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/371

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excellent ministre ; et Rome fut exposée pendant trois jours à toutes les horreurs d’une guerre civile. Enfin, la vue de quelques maisons embrasées et les cris du soldat, qui menaçait de réduire la ville en cendres, effrayèrent les habitans, et les forcèrent d’abandonner, en soupirant le vertueux Ulpien à son malheureux sort. Le préfet, poursuivi par ses propres troupes, se réfugia dans le palais impérial, et fut massacré aux pieds de son maître, qui s’efforçait en vain de le couvrir de la pourpre, et d’obtenir son pardon de ces cœurs féroces[1]. La faiblesse du gouvernement était si déplorable, que l’empereur ne put venger la mort de son ami, et l’insulte faite à sa dignité, sans avoir recours à la patience et à la dissimulation. Épagathe, le princi-

  1. Gibbon a confondu ici deux événemens tout-à-fait différens ; la querelle du peuple avec les prétoriens, qui dura trois jours, et le meurtre d’Ulpien, commis par ces derniers. Dion raconte d’abord la mort d’Ulpien : revenant ensuite en arrière, par une habitude qui lui est assez familière, il dit que du vivant d’Ulpien, il y avait eu une guerre de trois jours entre les prétoriens et le peuple ; mais Ulpien n’en était point la cause ; Dion dit au contraire qu’elle avait été occasionnée par un fait peu important, tandis qu’il donne la raison du meurtre d’Ulpien en l’attribuant au jugement par lequel ce préfet du prétoire avait condamné à mort ses deux prédécesseurs Chrestus et Flavien, que les soldats voulurent venger. Zosime attribue (l. I, c. 11) cette condamnation à Mammée ; mais les troupes peuvent, même alors, en avoir imputé la faute à Ulpien qui en avait profité, et qui d’ailleurs leur était odieux. (Note de l’Éditeur.)