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pal chef de la sédition, ne s’éloigna de Rome que pour aller exercer en Égypte l’emploi honorable de préfet. On le fit insensiblement descendre de ce haut rang au gouvernement de Crète ; et lorsque enfin le temps et l’absence l’eurent effacé du souvenir des gardes, Alexandre se hasarda à lui faire subir la peine que méritaient ses crimes[1].

Danger de Dion Cassius.

Sous le règne d’un prince juste et vertueux, les plus fidèles ministres se trouvaient exposés à une cruelle tyrannie ; ils couraient risque de perdre la vie, dès qu’on les soupçonnait de vouloir corriger les désordres intolérables de l’armée. L’historien Dion Cassius, qui commandait les légions de Pannonie, avait suivi les maximes de l’ancienne discipline. Les prétoriens, intéressés à soutenir la licence militaire, embrassèrent la cause de leurs frères campés sur les bords du Danube, et demandèrent la tête du réformateur. Cependant, au lieu de céder à leurs clameurs séditieuses, Alexandre montra combien il estimait les services et le mérite de Dion, en partageant avec lui le consulat, et en le défrayant, sur son trésor particulier, des dépenses qu’exigeait ce vain honneur. Mais comme on avait tout lieu de craindre que, si le nouveau magistrat paraissait en

  1. Quoique l’auteur de la Vie d’Alexandre (Hist. Aug., p. 132) parle de la sédition des soldats contre Ulpien, il passe sous silence la catastrophe qui pouvait être une marque de faiblesse dans l’administration de son héros. D’après une pareille omission, nous pouvons juger de la fidélité de cet auteur, et de la confiance qu’il mérite.