Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/376

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des troupes, si le fait extraordinaire dont nous venons de parler était soumis à l’examen d’un philosophe. D’un autre côté, s’il eût été rapporté par un historien judicieux, cette action, que l’on a jugée digne de César, se trouverait peut-être accompagnée de circonstances qui la rendraient plus probable, en la rendant plus conforme au caractère général d’Alexandre Sévère. Les talens de cet aimable prince ne paraissent pas avoir été proportionnés à la difficulté de sa situation, ni la fermeté de sa conduite égale à la pureté de son âme. Ses vertus sans énergie avaient contracté, aussi-bien que les vices de son prédécesseur, une teinte de faiblesse dans le climat efféminé de l’Asie, où il avait pris naissance ; il est vrai qu’il rougissait d’une origine étrangère, et qu’il écoutait avec une vaine complaisance les généalogistes, qui le faisaient descendre de l’ancienne noblesse de Rome[1]. Son règne est obscurci par l’orgueil et par l’avarice de sa mère. Mammée, en exigeant de lui, lorsqu’il fut d’un âge mûr, la même obéissance qu’il lui devait dans sa plus tendre jeunesse, exposa au ridicule son caractère et celui de son fils[2]. Les

  1. Des Metellus, Hist. Aug., p. 119. Le choix était heureux. Dans une période de douze ans, les Metellus obtinrent sept consulats et cinq triomphes. Voy. Velleius-Paterculus, II, 11 et les Fastes.
  2. La Vie d’Alexandre, dans l’Histoire Auguste, présente le modèle d’un prince accompli ; c’est une faible copie de la Cyropédie de Xénophon. Le récit de son règne, tel que nous l’a donné Hérodien, est sensé, et cadre avec l’histoire